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Entrepreneuriat au Burkina : Ibrahim OUEDRAOGO, un jeune modèle à Boussouma

Ce jeudi 16 février 2023, nous nous sommes rendus dans le bas-fond rizicole de Louda, commune de Boussouma, à une quinzaine de kilomètres de Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord. Nous y sommes pour échanger avec Ibrahim OUEDRAOGO, un jeune informaticien reconverti en maraîcher-culteur. Son histoire est impressionnante.

15 heures et quart, nous arrivons au bas-fond rizicole de Louda, village de Boré. Les jeunes sont réunis sous des manguiers à l’ombrage agréable. C’est le moment de repos pour ces juvéniles qui attendent que l’eau remonte au niveau des puits qu’ils venaient à peine de creuser pour arroser leur jardin. Après des salutations d’usage, nous sommes allés dans le jardin pour découvrir ce qui y est cultivé. La verdure nous rappelle le mois d’août où le paysage est agréable aux yeux. Dans son potager, on y trouve des oignons en fleuraison, des courgettes, des choux, de la tomate, du gombo, du concombre, etc. On y trouve également de la pomme de terre à l’état de germination.

Le champ du jeune Ibrahim est beau à voir

Dans ses habits débraillés, le jeune Ibrahim est fier et convaincu que le travail du jardinage peut nourrir son homme. « Tout dépend de comment on s’y prend ! », lance-t-il, avant d’indiquer que beaucoup de jeunes se moquaient de lui au début. « Je suis fier dans cet accoutrement. Je n’ai jamais eu honte du travail que je fais », s’exclame-t-il.

D’informaticien à jardinier, il raconte son parcours

« J’ai eu mon BEPC en 2010 et dès lors j’ai commencé à passer les concours de la fonction publique. Et cela jusqu’en 2018 et ça ne marchait pas. Mais bien avant l’obtention de mon brevet, j’ai eu une initiation en informatique en 2008 et j’ai eu la chance de participer à la Semaine nationale de l’informatique et de l’internet la même année. Cette formation m’a poussé à nourrir un amour pour l’informatique et en 2017 je suis allé renforcer mes compétences en la matière jusqu’à ce que je suis devenu assistant formateur et en maintenance par la suite chez Paul OUEDRAOGO, PDG de Microsoft Kaya », nous relate le jeune jardinier. Il ajoute qu’il a bénéficié d’un stage en génie informatique à Ouaga courant 2022 à la faveur d’une bourse qui l’a autorisé à suivre une formation au centre de formation professionnelle de référence de Ziniaré, dans le Plateau-central.

Certaines variétés des cultures son en pleine production

Comment est née l’idée de se lancer dans la maraicher culture

Ibrahim OUEDRAOGO est né de parents agriculteurs et l’idée d’entreprendre dans le domaine de l’agriculture n’est pas un fait du hasard. A la question de savoir ce qui lui a valu l’abandon du clavier pour la daba, il se veut un peu clair. L’agriculture tel que nous la pratiquons est possible même avec les modestes moyens que l’on a. « J’ai eu à côtoyer un forestier qui m’a encore inspiré à me lancer dans l’agriculture. C’est là que j’ai commencé par aider mes cousins à cultiver pendant la saison pluvieuse et aussi dans la maraicher culture. C’est là je me suis posé la question : tu tentes les concours et ça ne donne pas. Pourquoi ne pas essayer dans l’agriculture surtout que mes cousins s’en sortent en la pratiquant ? A partir de cet instant, j’ai décidé de me lancer en juin 2022. J’ai commencé par semer du niébé, du mil et du maïs qui ont bien donné », explique-t-il.
L’idée de créer des emplois pour ses jeunes frères et promouvoir le développement local sont entre autres quelques raisons qui ont fait du jeune Ibrahim, l’homme du bas-fond. « A travers l’agriculture on peut créer des emplois pour certains jeunes qui n’avaient rien à faire et booster l’économie locale », s’est-il justifié, précisant qu’à l’heure actuelle, il a à sa charge deux frères qui travaillent avec lui. « Je suis d’abord dans mes débuts et les moyens me font défaut. Malgré tout, les jeunes me comprennent et on se partage les retombés de notre activité », s’est-il réjoui.
« J’étais dans les mines d’or et avec l’insécurité, souvent ça n’allait pas. Parfois, nous demandons à Ibrahim de nous envoyer quelque chose pour payer à manger. Mais depuis que je suis là, Dieu merci, on arrive à gérer nos petites dépenses et on mange tranquillement. Je compte rester ici pour du bon », nous relate Ali OUEDRAOGO, un des frères de Ibrahim. Focus sur son engagement, le jeune entrepreneur pense avec conviction qu’il pourra réussir dans l’agriculture. « J’ai la ferme conviction que je peux réussir dans l’agriculture », soutient-il.

Malgré les difficultés, Ibrahim se veut résilient

L’eau est puisée dans des puits creusés par Ibrahim et ses employés

« Dès que j’ai abandonné l’informatique pour me lancer dans l’agriculture, beaucoup de mes amis m’ont tourné le dos. Je ne pouvais plus prétexter une quelconque raison de demander même 1000 Fcfa à mes amis. Tu as laissé le métier d’informaticien qui est rentable pour te jeter dans ces histoires d’agriculture, s’offusquaient certains de mes amis. Me voyant déjà comme un jeune qui a échoué. Certains allaient jusqu’à me traiter de fou », a-t-il déploré. Néanmoins, certaines personnes se sont montrées optimistes face au choix du jeune jardinier, ce qui a d’ailleurs motivé son combat.
Pour ce qui est des difficultés liées à la bonne marche des activités, l’on n’a pas besoin d’être du domaine pour faire le constat. L’eau est puisée dans des puits creusés par le jeune et ses camarades. D’autres cultures commencent à se faner, faute d’eau. « Nous avons un sérieux problème d’eau car pendant la saison sèche, l’eau se fait très rare et nous sommes obligés de creuser des petits puits où nous puisons l’eau pour arroser nos plantes. Ce qui fait qu’on ne peut plus élargir nos superficies. L’autre problème majeur c’est la cherté des produits surtout l’engrais dont le sac n’est pas à la portée des débutants que nous sommes », expose-t-il.
Si le problème d’eau entraine une baisse de la production, cela n’est pas sans conséquences sur les commerçantes de légumes. « Ce qui était vendu à 100 Fcfa est vendu maintenant à 300 voire 400 Fcfa, tout simplement parce qu’on ne produit plus assez », nous raconte dame Mamounata, commerçante venue de Louda pour acheter les légumes.

Ibrahim force l’admiration de son entourage

Les voisins du jeune Ibrahim louent son engagement et son dynamisme. Pour certains, c’est un jeune qui se donne à fond et plein d’humilité. « Ibrahim a commencé à faire le jardinage avec moi et il est toujours prêt à écouter mes conseils. Le travail de la maraicher culture n’est pas simple car quelqu’un qui est imprudent et paresseux ne peut pas réussir dans ça. Ibrahim a fait preuve de dynamisme et d’humilité et voilà pourquoi je le guide toujours malgré qu’il ne travaille plus avec moi », témoigne Boukaré OUEDRAOGO, un habitué du domaine.

Le jeune a un bon voisinage dans son jardin

Le PDG de Microsoft Kaya, Paul OUEDRAOGO, pour sa part, dit avoir passé de bons moments de travail avec Ibrahim. « J’ai connu Ibrahim quand je travaillais à la mairie de Kaya et lui, il était élève au lycée municipal de Kaya. Il a commencé à travailler dans mon centre depuis près de 10 ans. Son engagement pour l’agriculture m’a étonné dès les premiers moments. C’est à la suite des explications que je me suis rendu compte qu’il avait raison, sinon j’ai refusé premièrement. On ne voulait pas à un certain moment dire aux clients que Ibrahim est parti tellement tous les clients le réclamaient. Il était génial envers les clients et faisait bien les travaux. C’est un homme pétri de talent », a témoigné, Paul OUEDRAOGO, responsable de MS/Kaya. Il a par ailleurs invité les jeunes à avoir une vision et de ne pas camper uniquement sur la fonction publique car, selon lui, les causes de certains problèmes qui minent nos sociétés sont liées à ce désœuvrement de la jeunesse.

Le PDG de Microsoft Kaya partage des meilleurs souvenirs passés avec Ibrahim

Mahamadi NABALMA est un jeune informaticien qui s’est forgé au côté d’Ibrahim et pour lui, il a beaucoup appris avec ce dernier, car il est un homme humble et serviable. « C’est avec lui que j’ai appris Windows et la maintenance. Il m’a appris beaucoup de choses dans l’informatique. C’est un homme doué dans le domaine et nous l’avons surnommé Docteur, comme pour qualifier ses compétences en informatique », a-t-il soutenu.
Le jeune Ibrahim, la trentaine bien sonnée, n’est pas simplement un passionné de l’agriculture, il rêve également entreprendre en élevage. Il lance un cri de cœur aux autorités et particulièrement au ministère de tutelle de mettre l’accent sur les formations professionnelles et des équipements pour désengorger le nombre de jeunes qui n’ont que les concours comme seul issu.
Dans ce bas-fond de plusieurs hectares, des canaux d’irrigation étaient dressés pour faciliter l’accès d’eau aux maraicher-culteurs. L’ensablement du barrage qui alimentait ce bas-fond rizicole, pôle économique de la région, fait que les agriculteurs s’inquiètent d’un éventuel incident économique et alimentaire pour eux-mêmes et pour toute la population.

Bédaré OUEDRAOGO, observateur Civitac Boussouma.

     

 

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