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VIH/SIDA : le Burkina enregistre-t-il toujours des cas ?

Le vendredi 22 octobre 2021, Civitac s’est rendu au siège du Réseau national pour une grande implication des personnes infectées par le VIH dans la lutte contre le VIH/Sida au Burkina Faso (REGIPIV-BF) pour en savoir davantage sur l’évolution de la pandémie du VIH au Burkina. Cette maladie qui semble ne plus préoccuper la population du Burkina est-elle en voie de disparition ? Cette interrogation nous a conduite auprès de Adama OUÉDRAOGO, Coordonnateur national du réseau, qui a bien voulu nous accorder un temps d’échange sur la question.

Civitac : Qu’est-ce que le REGIPIV ?
Adama OUÉDRAOGO : C’est un regroupement de 84 associations intervenant dans la prise en charge et l’accompagnement des Personnes vivant avec le Virus de l’immunodéficience humaine (VIH) - Syndrome d’immuno- déficience acquise (SIDA). Ces associations sont répandues sur tout le territoire avec 13 coordinations régionales qui représentent les 13 régions.

Quels sont vos domaines d’intervention ?
En tant qu’une organisation identitaire, c’est-à-dire une organisation de personnes vivant avec le VIH, elle intervient surtout dans l’amélioration de la santé des personnes infectées par le VIH à travers des actions de :
• plaidoyer pour un environnement favorable aux Personnes vivant avec le VIH (PV-VIH) ;
• la défense des PV-VIH : on intervient dans la question de violation des droits des PV-VIH, la stigmatisation ; on a travaillé à ce qu’il y ait une loi protégeant les PV-HIV à travers l’implication de la loi 030 votée en 2008 avec un décret d’application en 2010 ;
• la mobilisation sociale ;
• la mobilisation des ressources pour accompagner les processus et financer les associations ;
• la lutte pour le bien-être physique et mental des PV-VIH en s’impliquant beaucoup dans la prévention de la transmission mère-enfant du VIH ;
• le renforcement des capacités des organisations membres du réseau.

A l’état actuel, quel est le taux de prévalence du Sida au Burkina Faso ?
Selon les dernières données de l’Onusida, actuellement au Burkina la prévalence du Sida est à moins de 1% au niveau national (0,07%). Mais le Burkina Faso est classé en épidémie mixte, c’est-à-dire qu’au niveau de la population générale la prévalence est très faible, mais il y a des groupes clés dans lesquels la prévalence est toujours élevée. Ces groupes sont entre autres les travailleuses de sexe (la prévalence est à 4,8%), les personnes handicapées (la prévalence est à 4,6%), les HSH, c’est-à-dire les hommes ayant des rapports avec d’autres hommes (1,8%), les détenus, les usagers de drogues, etc.
Si on regarde ces chiffres, on ne peut pas dire que ce n’est pas inquiétant.

Est-ce que vous pouvez dire que les gens se protègent toujours du VIH/Sida de nos jours ?
Oui, on peut dire que les gens se protègent, parce qu’en 1997 on avait un taux de prévalence de 7,17%. Et si à 25 ans après on est à -1%, on peut dire que les gens se protègent. Mais n’empêche qu’il y a toujours des foyers de contamination. En outre, on a une nouvelle génération de jeunes qui n’ont pas connu le VIH des temps anciens où la personne était chétive sur un lit d’hôpital, avec des œdèmes, où la personne était diarrhéique à chaque fois et ce sont des images qui ont choqué les communautés avant et qui ont contribué à une prise de conscience. Aujourd’hui, on ne voit pas la PV-VIH sur cette forme de morbidité et qui était une honte pour lui et pour sa famille. Cela fait que les jeunes, actuellement, ont plus peur de tomber enceinte ou d’engrosser une fille que l’infection à VIH. C’est cette situation qui est là. Mais on peut dire quand même que les préservatifs sont utilisés parce qu’avec le Fonds mondial on commande plus de 28 000 000 F CFA de préservatifs par mois et ça finit.

Adama OUÉDRAOGO, Coordonnateur national du REGIPIV.

Donc, peut-on dire que personne ne meurt du VIH actuellement au Burkina Faso ?
On n’a pas encore fait une étude sur le taux de personnes qui décèdent suite au VIH actuellement au Burkina, mais je peux dire que c’est très minime. Si la personne suit bien son traitement - et c’est l’un de nos buts -, il n’ya pas de raison qu’elle ne puisse pas vivre longtemps. Avant, la boîte de comprimés coûtait environ 500 000 F CFA par mois, alors qu’actuellement les antiretroviraux (ARV) sont gratuits depuis 2010. Quelqu’un qui est dépisté positif au VIH, nous travaillons immédiatement à sa mise sous ARV quel qu’en soit son état. Avant il fallait passer à des analyser avant d’administrer les ARV, mais maintenant c’est le concept de TEST AND TREAT= dépister-traiter.

Comment a évolué l’acceptation de PV-VIH au sein de la population ?
On vient de terminer une étude sur la stigmatisation et cette étude a révélé qu’en milieu de travail, les centres de santé, la stigmatisation a un diminuer par rapport aux années 1997. Mais n’empêche qu’elle demeure et c’est sans doute lié au tabou que les gens font du sexe et la PV-VIH.

Il y a également le cas de l’auto-stigmatisation de la PV-VIH. La personne se dit à tout moment que les gens sont en train de parler d’elle, qu’elle est malade et qu’elle ne peut plus faire telle ou telle chose. Le REGIPIV, à travers le programme santé positive-dignité-prévention, on travaille à développer l’estime de soi en brisant l’auto-stigmatisation de la personne dès le premier contact. On fait une intervention centrée sur la personne et lorsqu’elle nous ouvre sa famille, on va voir sa famille. On fait cette démarche pour ne pas créer une situation de rejet. On fait également savoir à la personne qu’il est important que sa famille sache, et si elle a des enfants, il faudra qu’ils fassent également le dépistage pour mettre ceux qui seront testés positifs sous traitement.

Qu’est-il de la transmission mère-enfant au Burkina ?
En ce qui concerne la transmission mère-enfant, en 2016 on avait une transmission résiduelle de 8,6%. On a mis à contribution les couples PV-VIH qui ont eu notre accompagnement et qui ont mis au monde des enfants sains. On les a placés dans le centres de santé où ils vont sensibiliser et accompagner les femmes enceintes testées positives du VIH à être observantes au traitement et à avoir une vie saine pour ne pas contaminer l’enfant et avoir une charge virale indétectable (elles ne sont plus vectrices du VIH). On fait également le suivi communautaire, psychologique, familial.

Quelles sont les difficultés que REGIPIV rencontre dans sa mission auprès des PV-VIH ?
Les ressources qui étaient allouées avant au VIH sont en train de prendre un coup parce que ce n’est plus une priorité. Pourtant, si on relâche la pression, ça risque de revenir. Avec la Covid-19, les firmes qui fournissaient les médicaments n’arrivaient plus à les envoyer et il y a eu des tensions de stocks. La situation sécuritaire nationale fait qu’on a des patients un peu partout et on n’arrive plus à donner un appui à un patient qui est par exemple à Arbinda ou à Gorgadji. Les formations sanitaires sont fermées dans ces zones.

Comment la personne infectée fait pour bénéficier de l’accompagnement du REGIPIV ?
Dans tous les districts et formations sanitaires, nous avons nos structures qui travaillent avec les agents de santé. Il y a une porte d’entrée qui peut être en milieu de soins lors des examens. On peut avoir également un dépistage au niveau communautaire ou au niveau des services de dépistage mêmes du VIH qui existe. Lorsque l’individu est positif, il est mis en même temps sous traitement par l’agent de santé et nous, nous commençons le suivi psycho-social grâce à nos pairs-éducateurs ou nos patients experts, ou encore nos conseillers psycho-sociaux.

Je profite vous remercier pour l’intérêt que vous avez accordé afin que nous relancions le débat car, certes, on ne meurt plus du VIH, mais à condition d’être dépisté à temps et REGIPIV est là pour accompagner.

Céline SÉOGO, Observatrice Civitac, Ouagadougou

     

 

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