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Agriculture familiale au Burkina Faso : « La post-Covid-19 est à préparer. »

La Confédération paysanne du Faso (CPF) a récemment mis en place un comité de veille et d’action pour faire face à la Covid-19. Ce comité, qui se veut fédérateur d’actions aussi bien au niveau local que régional, a pour but de préparer la post-Covid-19 du monde agricole, à en croire Issoufou PORGO, Secrétaire permanent de la CPF, que Civitac a rencontré pour vous.

Civitac : Au Burkina Faso, comment la Covid-19 a-t-elle spécifiquement affecté les exploitants agricoles familiaux ?
Issoufou PORGO : La pandémie est arrivée au Burkina début mars, ce qui correspond à la grande saison de production maraîchère. C’est aussi le début de la production fruitière, notamment la mangue. Nos clients sont les pays voisins et certains pays d’Europe. Du coup, avec les mesures barrières qui ont été prises, les déplacements ont été limités. C’est vrai que les marchandises étaient autorisées à circuler, mais ça circulait lentement, alors que les produits maraîchers sont hautement périssables.

En outre, les gens craignaient de contracter la maladie. Donc le nombre d’acheteurs qui s’approvisionnaient sur nos sites a diminué. L’approvisionnement du marché national était aussi compliqué à cause du couvre-feu et de la quarantaine.

Pour le secteur de la production laitière, les traites se font tôt le matin et souvent tard le soir. Dans les grandes villes comme Ouagadougou, les fermes sont situées dans les périphéries. Avec le couvre-feu, les producteurs laitiers ne pouvaient plus se rendre tôt le matin à leur ferme et les soirs ; il fallait rentrer plus vite que prévu. Donc, tous les compartiments de la production agricole ont été impactés.

Qu’en est-il cependant de la campagne agricole humide, actuellement en cours, au vu des restrictions au niveau local qu’international ?
Heureusement que nous sommes dans un système d’agriculture familiale où nous utilisons beaucoup de solutions endogènes pour assurer notre production. Et les mesures barrières ne nous empêchent pas de travailler dans nos exploitations, mais nous demandent quand même de prendre des dispositions.

Nous avions eu des inquiétudes quant à la disponibilité des intrants agricoles parce que nous les importons, mais, fort heureusement, nous n’avons pas connu une grande pénurie sur les marchés locaux. Donc, la campagne humide n’est pas trop impactée par la pandémie pour le moment. Nous espérons qu’il n’y aura pas une recrudescence de la maladie pouvant conduire à une prise de nouvelles mesures parce que la période critique à venir est celle de la récolte et des transports. De nouvelles mesures pendant cette période risquent de beaucoup affecter la production.

Dès les premiers instants de la pandémie, l’État a adopté des mesures d’accompagnement au profit de tous les secteurs d’activité. Quel commentaire faites-vous de l’aide accordée au secteur agricole ?
Ce sont toujours les appuis classiques : la subvention des semences améliorées et des engrais chimiques. Il faut noter que cette subvention couvre très peu les besoins des exploitants agricoles familiaux. La subvention en engrais couvre à peu près 10% des besoins des agriculteurs. Mais nous reconnaissons que dans le cadre des semences améliorées, un effort a été fait cette année. La quantité de semences subventionnée cette année est largement supérieure aux autres années.

Tous les secteurs n’ont pas été impactés. Par exemple, il n’y a pas eu de grandes subventions pour la production animale en matière d’accès d’aliments à bétail. Ce qui était prévu n’a pas pu être exécuté.

Outre les mesures étatiques, comment la CPF a-t-elle accompagné les exploitants agricoles familiaux dès le début ?
Dès le début de la pandémie, nous avons rapidement consulté notre base pour que chaque filière puisse nous dire comment elle est impactée par la pandémie et une proposition de solution qu’elle entrevoit. Nous avions capitalisé l’ensemble de ces données et nous avions produit une note de plaidoyer… Aussi, lorsque le gouvernement a sorti les mesures d’accompagnement, nous avions réfléchi avec les ministères pour voir comment elles pouvaient être mises en œuvre sur le terrain pour aider les producteurs. Les producteurs de mangue, par exemple, ont pu bénéficier de vols commerciaux pour pouvoir exporter leurs marchandises. Cela faisait partie des solutions qu’eux-mêmes ont suggérées.

Issoufou PORGO, Secrétaire permanent de la Confédération paysanne du Faso.

Un comité de veille et d’action a été instauré récemment par les Organisations paysannes. Quel en est le motif ?
La lutte contre la pandémie demande à ce que tous les acteurs apportent leur contribution. Les Organisations de la société civile (OSC), comprenant les ONG, les Organisations paysannes, se sont senties dans leur rôle de contribuer auprès des gouvernants à la lutte contre cette pandémie. C’est pour cela que les OSC se sont organisées autour d’un comité de veille et d’action contre la pandémie. Nous nous sommes dit qu’en allant de façon groupée, nous créons beaucoup plus de synergie. Nous avons plus d’impact collectivement qu’individuellement. Le comité veut développer des stratégies au sein des OSC pour que notre contribution soit la plus efficace possible.

Pendant que nous sommes dans la pandémie, il faut contribuer à mieux faire connaître la maladie ainsi que les mesures barrières, à mieux sensibiliser pour que les gens puissent les respecter aussi bien à la maison que dans les exploitations familiales.

La pandémie a aussi révélé nos insuffisances. Il faut que nous réfléchissions pour voir comment on s’organise pour être plus résilients face aux chocs, surtout ceux qui sont mondiaux… Il va falloir augmenter la production, améliorer les systèmes de stockage et de conservation, améliorer la distribution pour que nous ne soyons pas totalement dépendants.

Nous sommes un pays exportateur de bétail et de volaille essentiellement sur pied. Si les déplacements des bouviers deviennent compliqués, il faut transformer ces produits et les convoyer dans les pays demandeurs par conteneur. La post-Covid-19 est à préparer. Nous devons, en tant que comité de veille et d’action, réfléchir aussi pour apporter notre contribution aux politiques qui vont être mises en place pour assurer la résilience.

Quel plus ce comité apporte-t-il dans la lutte contre la pandémie ?
Nous sommes plus proches des exploitants familiaux que les gouvernants. Notre contribution est très importante. Lorsque nous parlons à nos membres, la portée est souvent plus élevée. Lorsque nous les conseillons au respect des mesures pour limiter une contamination massive de la main-d’œuvre ou lorsque nous les conseillons en matière d’adoption de certaines stratégies de production, l’impact est plus grand.

Également, nous sommes en mesure de remonter les besoins, les difficultés et les attentes des exploitants familiaux avec des propositions de comment ils pensent qu’on peut apporter des solutions face à la Covid-19.

Qu’est-ce qui est prévu par le comité pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en période post-Covid-19 ?
Nous avons prévu d’apporter notre contribution à l’élaboration du nouveau référentiel de développement économique et social du Burkina. Notre comité va réfléchir et apporter sa contribution sur comment nous pensons que le prochain référentiel doit travailler en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Nous sommes aussi dans l’élaboration du 3e programme national du secteur rural. Voilà comment nous nous organisons pour travailler afin que nous puissions être à la fois dans la sensibilisation, mais aussi dans la réflexion prospective. Au-delà, nous avons des activités diverses en lien avec la production pour faciliter l’accès aux intrants, aux équipements, aux crédits, à la sécurisation foncière.

Propos recueillis par Dieudonné Édouard SANGO, Journaliste agricole

     

 

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